Me demandai-je la gorge serrée sur le chemin du retour. J’étais allée ce jour-là au cinéma toute seule, comme à chaque fois que je veux être certaine de ne pas être gênée par le regard, la présence, l’attention ou la gêne d’une personne qui m’est familière. J’ai été émue. Si émue que j’ai pleuré, blottie dans mon siège, dans ce grand rang vide où il n’y avait personne pour moquer mon trouble.
J’ai pleuré précisément au moment où il téléphone dans la baignoire, et dit à sa femme « ça ne va pas ». Ce « ça ne va pas » qui n’atteint pas sa cible, qui reste -pur- dans l’espace de l’incommunicabilité, ce « ça ne va pas » qui dit tant avec si peu.
J’ai tout aimé dans ce film : la pudeur, les silences, les brisures, les souffrances tues comme les rires. J’ai aussi aimé la fin de ce film. Et comme ceux qui l’ont aimée je me suis demandée ce qu’il lui disait.
D’après vous, que lui dit-il ? Dans ma version, il lui dit « Like a bridge over troubled water », mais sans doute lui dit-il autre chose dans la vôtre. Je suppose que pour chacun d’entre-nous, il dit ce que nous aurions aimé entendre.
(Ce film, c’est bien sûr Lost in Translation de Sofia Coppola avec Bill Muray et Scarlett Johansson.)