Au printemps dernier, j’ai été prise d’une envie de déambuler sur le parvis de la défense un dimanche matin. Cela peut paraître étrange, mais j’aime cet endroit, j’aime ce parvis lorsqu’il est libéré de ses trentenaires cravatés. J’aime particulièrement un endroit que l’on peut atteindre en délaissant l’entrée de la galerie marchande des Quatre Temps pour se laisser porter par la pente douce qui mène à quelques bancs entourés de cerisiers japonais qui opposent leurs fleurs d’un rose tendre et volatile au minéral imposant d’une grande tour de verre. Je m’y trouvais donc seule et je me reposais, là, assise sur un de ces petits bancs et je regardais les nuages gris courir sur la façade de la grande tour de verre et l’animer comme s’il s’agissait d’un immense écran. Je me sentais bien, merveilleusement bien. Depuis toute petite, les nuages, le vent ont toujours eu cet effet sur moi. Je me souviens que toute enfant, je m’allongeais dans le grand jardin de mon oncle et que je fixais le ciel et les nuages jusqu’à ce que mes yeux fatigués de lumière demandent grâce. Il y avait un cerisier japonais juste devant notre petite maison, minuscule bâtisse laide. Je l’aimais cet arbre parce que ses fleurs étaient roses, parce le vent les soulevait en tourbillon et les dispersait en un souffle. Et c’est un peu cette petite fille qui se trouvait là, assise sur ce banc, loin du grand jardin perdu en Bretagne et je regardais ces arbres, cette façade, j’écoutais le vent doux et frais quand dans un souffle le vent a emporté les fleurs. Pas toutes non, mais une nuée de petits flocons roses s’est enroulée autour de moi et s’est imposée devant mon écran et je me souviens avoir laisse échapper un petit cri stupide de surprise et de plaisir.